Quel Devoir de Memoire?

 

Ces jours de janvier ont vu se dérouler les hommages aux victimes des attentats de 2015. Ces innocents et leurs familles resteront à coup sûr dans nos cœurs, à jamais entourés de notre tendresse et de notre compassion profondes.

 

Les journalistes ont relevé cependant qu’il y avait assez peu de public à ces commémorations du 10 janvier. Peut-être bien que ce public souhaiterait maintenant vivre autre chose que les vieux réflexes de victimisation. Certains proposent un surcroît de répression, sans avoir conscience que la réponse à la répression a toujours été plus de violence. Or, ajouter de la douleur à la douleur n’a jamais été une source de bienfait, au contraire ! Gandhi l’a si bien exprimé : « Œil pour œil et le monde finira aveugle.  »

 

Et si l’on essayait de vivre différemment le devoir de mémoire : nous rappeler, par exemple,  le comportement de ceux et celles qui ont fait vivre de précieux instants de paix à leur société ? Par exemple Nelson Mandela sortant de 27 ans de prison et proposant la réconciliation, William Penn achetant aux Indiens les terres que son roi lui avait pourtant octroyées comme cadeau, Cheikh Ahmadou Bamba qui, du fond de ses 33 ans de privation de liberté, annonçait son pardon à ses bourreaux et participait à renflouer les pertes financières de ces-derniers…

 

L’état de victime réactualise notre colère, notre tristesse et notre peur, ravive notre souffrance et notre désir de vengeance. Pour accéder à l’état d’homme libre et pacifié, tentons la non-violence. A côté de nos droits légitimes et incontestables, restons conscients de notre devoir d’harmoniser la société riche de toutes ses différences pour la protéger véritablement. Restons conscients de nos responsabilités pour ne pas remplacer un oppresseur par un autre : nous-mêmes. Car changer d’oppresseur montre surtout qu’on n’a rien changé !...

 

Le devoir de mémoire est un bienfait si, au lieu de faire mémoire du mal subi,  on fait mémoire de ces Êtres de Paix qui après avoir tant souffert ont fait de leur vie un exemple et un modèle pour toute l’humanité.

 

 

Ce que tu tiens pour haïssable, ne le fais pas à ton prochain. C'est là toute la loi ; le reste n'est que commentaires.
Judaïsme (Talmud, Sabbat : 31 a)

 

Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux: voilà la loi et les prophètes.
Christianisme (Mathieu : 7, 12)

 

Nul de vous n'est croyant s'il ne désire pour son frère ce qu'il désire pour lui-même.
Islam (Tradition prophétique (Hadith))

 

Ne blesse pas autrui de la manière qu'il te blesserait.
Bouddhisme(Udana-Varga : 5, 18)

 

Telle est la somme du devoir : ne fais pas aux autres ce qui, à toi, te ferait du mal.
Brahmanisme (Mahabharata : 5, 1517)

 

Voici certainement la maxime d'amour : ne pas faire aux autres ce que l'on ne veut pas qu'ils nous fassent.
Confucianisme (Analectes `15, 23)

 

Considère que ton voisin gagne ton pain, et que ton voisin perd ce que tu perds.
Taoïsme (T'ai Shang Kan Ying Pien)

 

La nature seule est bonne qui se réprime pour ne point faire à autrui ce qui ne serait pas bon pour elle.
Zoroastrisme (Dadistan-i-dinik : 94, 5)

 

Tu ne peux juger un indien sans avoir marché un mois dans ses mocassins.

Amérindien (Proverbe amérindien)